Mystère Picabia :
Vanessa Fanuele et Olivier Daquin
au château de Mai
16 / 11 / 2024
21 / 04 / 2025
L’exposition en cours
Origine du projet
L’exposition « Mystère Picabia : Vanessa Fanuele & Olivier Daquin au château de Mai » propose une immersion dans l’univers
de trois artistes intimement liés à l’espace méditerranéen. Le parcours, guidé par une réflexion autour de la présence de Francis
Picabia à Mougins à partir de 1925, sera mis en regard avec des peintures sur toile ou sur papier de Vanessa Fanuele et d’Olivier Daquin. Le choix de ces deux artistes contemporains a été guidé par la proximité de leurs oeuvres avec les enjeux formels
développés par Picabia suite à son installation dans le Sud. Le recours à une peinture dense et épaisse (les tableaux-collages, la série des Monstres) fait place à une pratique artistique jouant sur des effets de transparence.
Le château de Mai
Après sa rupture avec le surréalisme en 1924, Francis Picabia s’installe dans le Sud pendant une période de plus de vingt ans.
Sa première étape est Mougins. Il fait l’achat d’un terrain sur les hauteurs du village et y fait construire, selon ses plans, une demeure et un jardin exotique. Le nom de ce lieu « Château de Mai » fait à la fois référence au mois d’acquisition du lieu mais aussi à l’ancienne roseraie qui s’y trouvait initialement, dont la floraison était particulièrement impressionnante en mai. Il dessina tous les plans et s’amusa à agrandir cette maison qui « prendrait d’elle-même son véritable caractère. ». Autre spécificité, le château est pourvu de plusieurs tours. De l’une d’elles, qui donne sur la baie de Cannes, Picabia assiste, amusé, à la livraison par camions venant de Marseille des onze palmiers de dix mètres qu’il avait commandés. Son éloignement de la capitale ne l’empêche pas de continuer à développer une vie sociale et intellectuelle très animée. Pablo Picasso, Constantin Brancusi, Marcel Duchamp, Fernand Leger ou Gertude Stein entre autres sont invités au château de Mai. Picabia s’impose aussi comme une célébrité́ locale : il court les boites de nuit, programme des croisières sur son yacht, L’Horizon, et préside des concours de beauté́, d’élégance ou même celui du plus bel enfant en maillot de bain ! Cette trépidante vie sociale et les excès associés ne doivent pas masquer les moments d’épuisement que traverse l’artiste de manière régulière. Après un voyage à Barcelone pendant l’été́ 1927 avec Olga Mohler, la gouvernante de son fils Lorenzo, Picabia officialise sa relation avec elle. Sa rupture avec Germaine Everling ne l’empêche cependant pas de revenir régulièrement à Mougins où se trouve son atelier. Germaine Everling finit par quitter le château qui sera vendu en 1935. Francis Picabia et Olga Mohler s’installent alors sur un nouveau yacht, L’Horizon III, accosté en face de Golfe-Juan.
Biographie
Olivier Daquin
Né en 1971 à La Seyne-sur-Mer (Var)
L’artiste a grandi dans le Var à Hyères-les-Palmiers. Les bords de la méditerranée ont été son jardin pendant de nombreuses années. Après l’obtention du diplôme des Beaux-Arts de Marseille, Olivier Daquin se lance dans le cinéma et y travaille 10 ans en tant qu’assistant réalisateur. Parallèlement, il réalise des vidéos et développe son travail de peintre. Depuis quelques années, sa recherche se concentre sur la question du paysage et de l’architecture à travers divers médiums pouvant aller de l’huile sur papier, sur toile, sur bois ainsi que, plus récemment, à la céramique. La lumière est une matière avec laquelle Olivier Daquin compose en peinture comme au fusain. La touche, les transparences, la recherche chromatique dévoilent à la fois une maîtrise du geste et une liberté d’expression. Son travail a été montré dans diverses galeries à Paris et en province. Il a notamment exposé dans diverses institutions : Musée des Beaux-Arts de Cambrai, ZAAC art contemporain, Trévise en Italie, Musée National de Kielce en Pologne. Il a également réalisé de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger.
Vanessa Fanuele
Née en 1971 à Boulogne-sur-Seine
Après avoir évolué plusieurs années dans le domaine de l’architecture, son travail protéiforme, dessin, peinture, sculpture et installation, s’articule autour d’interrogations liées tant à la question de la mémoire, qu’à celle de la nature ou des espaces mentaux. Fiction et réalité se combinent pour faire apparaitre un univers à la lisière du trouble. Sa production dialogue sans cesse avec l’histoire de l’art et évoque les liens qu’elle entretient avec ses origines italiennes. Dans ses dernières séries la question du seuil entre l’extérieur et l’intérieur semble révéler autant la fragilité du monde que son illisibilité. Ainsi, la superposition des éléments tels que les végétaux, les motifs, les structures, les voiles font dissoudre la vision pour éveiller la perception. Elle a exposé à La Fondation Bullukian à Lyon, à la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis, au musée des Beaux-Arts de Dole, au Musée Départemental d’Art Contemporain de Rochechouart, Musée Géo-Charles à Echirolles, à l’Artothèque de Pessac, à la Maison Caillebotte à Yerres.
Le parcours d’exposition
– Au premier niveau, dans le hall d’entrée, la biographie de Francis Picabia, ainsi que le panneau présentant le château de Mai, annoncent les thèmes de la première salle : intimité, exotisme et mondanités. Des illustrations de menus, des photographies et un dessin original de Picabia permettront de se plonger dans l’univers de l’artiste. Dans un texte rédigé pour le livret de l’exposition, François Michaud évoque que « ceux qui aujourd’hui se glissent dans les murs symboliques du château de Mai ont pour noms Vanessa Fanuele et Olivier Daquin. Depuis longtemps ils peignent côte à côte, mais jamais ils ne l’ont fait d’aussi près. Il faut dire qu’ils ont un château à habiter et que celui-ci n’est rien d’autre que celui de Picabia, d’Everling… ». Le souvenir du jardin exotique conçu par Picabia servira d’articulation avec la série de palmiers réalisée par Olivier Daquin, qui a grandi -le détail mérite d’être souligné- dans le Var, à Hyèreles- Palmiers. Ses peintures au cadrage serré sur les palmes recréent un univers végétal dense. Cette approche rompt avec l’attente d’un paysage ouvert et dégagé, généralement associé aux scènes comportant des palmiers. Après l’exploration du jardin, nous serons invités à pénétrer dans le château de Mai peuplé d’objets « les moins faits pour vivre en bonne intelligence mais qui finirent par s’entendre. » selon le témoignage de Germaine Everling. Vanessa Fanuele s’est inspirée de cet univers saturé pour réaliser des intérieurs dans lesquels de lourds rideaux dévoilent un motif végétal obstruant la vision. La présentation d’un nu d’Olga sera l’occasion de découvrir en parallèle une peinture peuplée de modèles fantomatiques de Vanessa Fanuele totalement intégrés dans une nature foisonnante. L’artiste rejoue sur un effet d’indétermination entre le corps et le paysage environnant.
– Au deuxième étage du centre, à la suite de cette exploration, le parcours se poursuivra avec l’évocation des Transparences. De 1927 à 1935, Francis Picabia se lance dans une nouvelle série basée sur une superposition de silhouettes cernées par des traits virtuoses et vigoureux. Afin de rendre compte de cette partie de son oeuvre, nous présenterons neuf illustrations du Peseur d’âmes d’André Maurois. Paru en 1931, cet ouvrage raconte les étranges expérimentations menées par un chercheur anglais qui pense recueillir le fluide vital d’un homme juste après sa mort en exposant son corps sous une cloche de verre. Ce récit fantastique laisse à Picabia la possibilité de jouer sur les effets de transparence. Les mondes animal, végétal et scientifique s’interpénètrent et se mêlent aux figures humaines. Olivier Daquin proposera une série de peintures aux tonalités bleues, blanches et chair dans lesquelles la transparence semble dévoiler des mondes en superpositions et en mouvement. Le travail de Vanessa Fanuele sur l’apparition d’un paysage à travers une fenêtre poursuit cette exploration de la superposition et met en avant une nouvelle fois la fragilité du seuil entre l’intérieur et l’extérieur. Conçues, pour certaines, pendant la période du confinement, ces oeuvres évoquent la nécessité ressentie par l’artiste de peindre des paysages mentaux afin de s’extraire de la seule vue de son atelier. D’origine italienne, l’artiste a également trouvé une nouvelle source d’inspiration méditerranéenne dans la villa Malaparte, construite à flanc de falaise proche de Capri. Cette référence prouve à quel point la réflexion sur le cadre s’inscrit dans une visée architecturale. Cette posture, qui reconvoque parallèlement l’histoire de l’art comme Cosa mentale, prouve à quel point – comme l’affirme de manière provocatrice Picabia – : « c’est le passé qui n’a pas été exploré, pas l’avenir. ». Selon François Michaud, Olivier Daquin et Vanessa Fanuele « nous font voir un décor qu’on croirait réaliste si ne s’y dissimulait, à la manière de Magritte, le portrait d’une Belle Captive. C’est elle, la peinture, qui est le vrai sujet de l’exposition. ».
©Archives Comité Picabia
Biographie
Francis Picabia
Francis Picabia naît à Paris le 22 janvier 1879. Enfant unique, il est le fils d’un aristocrate espagnol né à Cuba, et d’une française issue de la grande bourgeoisie.
Après une scolarité tumultueuse, Picabia commence son apprentissage en 1895 à l’Ecole des Arts Décoratifs. Il suit également des cours à l’École du Louvre.
Entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, il est influencé par Camille Pissarro et par Alfred Sisley. Il connaît rapidement succès et notoriété lors de cette période impressionniste. En 1900, la mort de sa grand-mère maternelle le laisse à la tête d’une fortune considérable.
Sa rencontre en 1908 avec Gabriële Buffet -qui devient sa femme l’année suivante- marque un tournant radical dans son art. En 1913, Picabia se rend avec elle à New York. Quatre de ses toiles sont présentées à l’Armory Show (l’Exposition Internationale de l’Art Moderne). Il devient l’ambassadeur et le porte-parole de l’avant-garde européenne au même titre que son ami Marcel Duchamp.
Après le déclenchement de la première guerre mondiale, Picabia, fervent antimilitariste, alterne séjours à New York et en Espagne. Grâce à des relations, il est mandaté pour une mission à Cuba en mai 1915.
Il est à l’origine de la revue littéraire et artistique 391, éditée de 1917 à 1924 successivement à Barcelone, New York , Zurich et Paris. Lors de cette période, le thème de la machine, stylistiquement qualifié de mécanomorphe, devient central dans sa création.
De retour à Paris en octobre 1917, Picabia voit sa santé psychique se détériorer (il souffrira toute sa vie de neurasthénie). La même année, il rencontre Germaine Everling qui devient sa nouvelle compagne. Malgré sa rupture avec Gabriële Buffet, ils conserveront des liens fusionnels.
Suite à ses contacts avec les Dadas zurichois, il participe au développement du mouvement à Paris avec Tristan Tzara et André Breton. Picabia combine alors activités artistiques, littéraires (poésie, articles, biographie), cinématographiques (Entr’acte) mais s’investit également dans l’organisation de revues et de happenings.
En 1924, il rompt avec Breton et le Surréalisme. Il quitte Paris pour la Côte d’Azur, région dans laquelle il va vivre pendant 25 ans. Il tombe amoureux de la gouvernante de son fils Lorenzo, Olga Mohler, qu’il épousera en 1940.
Une caractéristique des nombreux styles et séries de Picabia pendant ces deux décennies demeure sa propension à la reprise d’éléments préexistants comme point de départ (cartes postales, oeuvres d’art, illustrations) à rebours de l’idée du génie créateur. Il revendiquera toujours son opposition à l’idée même d’avant-garde.
Lors des dernières années à Golf-Juan, le faste du train de vie de Picabia se réduit considérablement : le yacht et les voitures sont remplacés par un petit appartement et un vélo.
Face à la Deuxième Guerre Mondiale, ses positions apolitiques voire critiques autant vis-à-vis de l’occupation que de la résistance entrainent des difficultés lors de la Libération.
De retour à Paris en 1945, il expose régulièrement dans les galeries parisiennes et dans les salons importants de la jeune avant-garde comme le Salon des Surindépendants et le Salon des Réalités Nouvelles.
Il collabore également avec Pierre-André Benoît, éditeur à Alès sur des livres d’art.
Le printemps 1949 voit le sommet de sa longue carrière : une rétrospective monumentale, « 50 ans de plaisir », est organisée par la Galerie René Drouin.
En 1951, il peint ses dernières oeuvres. Sa principale galeriste devient Simone Collinet, la première femme d’André Breton. A la fin de cette même année, une artériosclérose paralysante le prive de la possibilité de peintre. Il meurt le 30 Novembre 1953.
Infos pratiques
- Horaires :
Novembre – Mars : Ouvert de 13h à 18h
Avril : Ouvert de 11h à 13h et de 14h à 19h
Fermé les mardis
Gratuit les premiers dimanches du mois - Tarifs :
Plein tarif : 4 €
Plein tarif couplé avec le Centre de la photographie de Mougins : 8€
Tarif réduit pour les étudiants hors Région Sud : 3 €
Tarif réduit couplé avec le Centre de la photographie de Mougins : 4€
Tarif Groupe (à partir de 10 personnes) : 4 € / personne 6€ / personne
Tarif Groupe couplé avec le Centre de la photographie de Mougins : 6€ / personne
Gratuité : – de 18 ans, étudiants Région Sud, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap avec un accompagnant, détenteurs de la carte ICOM / ICOMOS / CIPAC / Ministère de la Culture, adhérents de l’association des Amis du Centre, enseignants, adhérents à la Maison des Artistes, journalistes, guides-conférenciers.
– L’accès aux expositions est gratuit le premier dimanche de chaque mois. - Accès : Mougins village